(1) Le
célèbre marin, plus vrai que nature,
créé par Cecil FORESTER.
(2) Le non moins célèbre
officier de Sa Majesté dont les aventures
ont été imaginées par
Alexander KENT.
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Deux
ans sont passés ...
Deux années
de commandement,
Deux années "à la barre" de la BELLE
POULE,
Deux "petites" années de la longue vie de la
goélette.
Des hommes, un voilier,
Une histoire,
un rêve accompli.
Septembre
1997, après deux années riches et
passionnantes, mon commandement de la
goélette " BELLE-POULE "
s'achève.
Il prend fin au moment où à l'issue
d'une longue et bien belle carrière de 65
ans elle pourrait, comme chacun d'entre nous,
prétendre à une douce et paisible
retraite ; au moment où, je le lui souhaite
de tout cur, elle s'apprête à
poursuivre son périple sur les mers et les
océans du globe,car, sauf à de rares
exceptions, un navire ne prend pas de retraite ;
comme les hommes, il naît, vit et enfin
meurt.
Au moment où je quitte mon commandement,
comme lors de chacun de mes débarquements,
que ce soit de bâtiments de surface ou de
sous-marins, j'ai l'impression de laisser quelque
chose d'impalpable à bord, un peu de
moi-même.
Mais n'est-ce qu'une impression ? Je n'en suis pas
si sûr !
Tout cela est bien réel vous dirons les
marins : Un marin s'attache à son bateau,
vit avec lui, endure les pires moments en son sein,
éprouve aussi de grandes joies en sa
compagnie, meure parfois à ses
côtés.
Aussi,
lorsque vient le jour de se séparer pour que
chacun poursuive sa vie indépendamment, le
marin vit cet instant comme une véritable
séparation. Et, si les moments vécus
à bord ont été intenses, il
peut s'agir d'un véritable
déchirement.
Quitter le commandement de la BELLE POULE
s'apparente pour moi à un
déchirement, une plaie qui mettra sans doute
quelques temps à se refermer. Parce qu'il
s'agit d'un voilier, pas n'importe lequel, comme
nous le verrons par la suite, et que l'on vit plus
intensément à bord d'une
goélette en bois chargée d'histoire
que sur un " bateau gris " ou une " bête
noire ".
Mais c'est aussi parce que j'en ai
été l'un des commandants.
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Un
commandement, ... un rêve ...
Commander
un navire est le rêve plus ou moins secret et
tant recherché de tout officier de marine.
C'est le but d'une carrière, c'est
l'aboutissement de tant d'efforts.
C'est un privilège avant tout, car
être désigné par le
Président de la République pour
commander un navire et à des hommes est un
honneur.
Qui plus est, comme on le souligne de plus en plus
souvent dans la Marine nationale, il n'y a pas
assez de " passerelles " pour tous ! Le rêve
ne reste que rêve pour beaucoup d'entre
nous.
Rêve de commander, rêve de commander un
grand voilier.
Commander la BELLE-POULE était pour moi un
double privilège : " Voileux " dans
l'âme depuis l'enfance grâce à
mes parents qui, il y a trente ans, me
poussèrent un jour, bien malgré moi,
vers les portes d'une école de voile, je
suis aussi un fervent admirateur et un lecteur
assidu des aventures de Hornblower (1)
et de Bolitho (2).
Je n'aurais jamais osé espérer, il y
a seulement quelques années, me retrouver
à la barre de ce fier voilier.
Nathalie.
Merci à une épouse
épatante ..., Nathalie.
La goélette BELLE-POULE est un voilier
célèbre, certes, mais qui reste
intime pour son commandant. Au fil des jours, au
fil des milles parcourus avec elle, on tisse des
liens privilégiés.
Commander la BELLE-POULE ce n'est pas en être
le maître ; Il faut apprendre à la
connaître, il convient de l'apprécier
et de savoir à chaque instant ce que l'on
peut lui demander, on se doit de la respecter,
c'est aussi .... la séduire puis l'aimer
!
Il faut vivre avec elle, l'écouter sur
l'immensité océane, au gré des
coups de vents ou des calmes plats, la mener au
cur des dépressions ou en bordure des
anticyclones, il faut l'aider à se frayer un
chemin, écouter ses plaintes et la
soulager.
Une symbiose entre le commandant et son navire
apparaît peu à peu, des liens
affectifs se tissent, presque des liens
amoureux.
Une épouse non, une maîtresse presque,
une amie chère sûrement.
Tout ceci ne rend pas la vie de famille facile.
Mon épouse, Nathalie, aurait parfois eu
l'occasion d'être jalouse de " ma Poule ".
Pendant deux ans elle semblait être sa
concurrente. Il est vrai que " ma goélette "
m'a pris beaucoup de mon temps et a accaparé
sans doute plus que de raison mon esprit.
Il n'est pas une journée, à la mer
bien sûr mais aussi le soir à la
maison, le dimanche en famille, et même
pendant nos vacances alors que nous naviguions sur
notre voilier familial, où je n'ai eu une
pensée pour " ma fière vieille
demoiselle " comme j'aimais à la nommer. Il
n'est pas un jour ou je n'ai évoquer avec
mon épouse les joies et les
difficultés de cette vie commune.
Deux ans de vie à trois tous comptes faits
!
La BELLE-POULE, une fiancée de deux ans ?
Probablement après tout.
Et maintenant qu'un autre prétendant
s'occupe d'elle, fille infidèle qui m'a tant
donné, je vis une séparation
douloureuse, presque une déchirure.
Merci Nathalie, merci pour ta patience et ta
compréhension, merci pour ton aide...
Je t'aime.
La fin d'un beau
rêve ...
Presque une histoire d'amour qui s'achève
...
Une rupture, savoir tourner la page ...
Embarquer vers de nouvelles aventures ...
Rêver à nouveau, ... encore ...
Et ... qui sait...
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