L'armement
pour l'Islande.
La pêche à la morue
sur les bancs de Terre-Neuve commença au
XVIIè siècle à partir des plus
grands ports de la Manche. Devant le succès
et la manne qu'apportait cette pêche, de
nombreux autres ports, de moindre importance,
tentèrent l'aventure. Mais au XIXe
siècle, alors que Saint-Malo, Saint-Servan
et Cancale restèrent fidèles aux
Bancs jusqu'à la fin, d'autres ports les
abandonnèrent peu à peu pour
pratiquer un autre type de pêche à la
morue dans les parages de l'Islande.
Dahouët arma progressivement pour Terre-Neuve
en vue de la pêche sédentaire au
French Shore où ses navires firent de
très belles pêches jusque vers les
années 1850 à partir desquelles
à la suite d'insuccès
répétés l'armement
périclita ; un armateur entreprenant
décida alors d'essayer les campagnes
d'islande et obtint un bon résultat. Ainsi,
dés 1864 Dahouët armait 14 Islandais et
ce nombre resta à peu près invariable
pour décroître après 1894 et
tomber à zéro aux premières
années de ce siècle.
Saint-Brieuc qui armait aussi pour Terre-Neuve avec
Le Légué connut un sort identique et
se tourna aussi vers l'Islande en 1895, il n'arma
pas moins de 22 goélettes, ce fut sa plus
belle année.
Binic, bien que ne disposant pas d'un bassin
à flot fut un port important pour
Terre-Neuve avec 37 navires en 1860 ; Lui aussi
s'orienta peu à peu vers l'Islande, armant
jusqu'à 18 goélettes en 1895, ces
bateaux étaient d'ailleurs pour une bonne
part construits sur place, le port disposant de
plusieurs cales de lancement et le chantier Le
Chever est connu pour avoir réalisé
plusieurs beaux navires pour l'Islande. Ce type
d'activité périclita cependant assez
rapidement.
Mais c'est surtout le port de Paimpol qui se
signala par un armement pour l'Islande puisque l'on
y voyait en moyenne 80 goélettes de plus de
100 tonneaux. Cet essor qui faisait suite à
un long passé à Terre-Neuve avait
commencé en 1852 faisant de Paimpol le port
islandais par excellence de la Côte Nord. Une
part très importante des activités de
la ville s'organisant autour de la construction des
navires, de leur armement, de l'équipement
de pêche, etc... Cette a été
certainement la plus brillante de la Cité,
elle devait durer une trentaine d'années
précédant un déclin assez
rapide à partir de la guerre de 1914.
Seul le département des Côtes-du-Nord
a eu en Bretagne l'exclusivité de l'armement
pour l'Islande et que celui-ci équilibrait
largement celui des autres ports français :
Fécamp, Calais, Gravelines et surtout
Dunkerque qui eux aussi envoyaient
traditionnellement des goélettes en
Islande.
Dans ce rapide tour d'horizon sur l'armement pour
l'Islande il n'a été question que des
goélettes, ce type de bateau a en effet
été adopté après avoir
éliminé progressivement les
brigantins, brick, goélettes, lougres,
dogres, chasse-marrées, sloop et bisquines,
tous bâtiments qui malgré leur faible
tonnage (Pierre-Marie, de Paimpol en 1861 : 25 Tx
09) furent des islandais de la première
heure. Les conditions de la pêche errante
telle qu'elle se pratique en Islande sont en effet
très différentes de la pêche
sur les bancs de Terre-Neuve.
L'expédition est d'abord plus courte, ne
serait-ce qu'à cause de la plus grande
proximité de l'Islande, il n'est donc pas
indispensable d'armer des bâtiments de
très fort tonnage. En outre pour la mer
d'Islande il faut un navire léger qui puisse
lever à la lame et se laisser porter au vent
sous voilure réduite même avec une
bonne cargaison, enfin les parages de l'île
où se pratique le pêche étant
particulièrement mauvais il faut des navires
robustes et très marins, capables de tenir
tête à une mer très dure,
presque toujours agitée et de
s'élever au vent d'une côte
inhospitalière hérissée de
dangers.
Toutes ces raisons ont donné naissance
à la célèbre goélette
à hunier.
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