Description
des goélettes islandaises.
Les dernières islandaises
furent construites sur les plans mis au dans les
années 1880. Elles avaient un tonnage de 100
à 180 tonneaux, exceptionnellement 220
tonneaux, étaient élégantes de
formes marchaient remarquablement bien. C'est de
ces modèles que s'inspira le chantier de
Fécamp pour construire la Belle-Poule.
Dans les premières années du temps
d'Islande, Paimpol n'était pas en mesure de
construire des navires, ne disposant que de
chantiers modestes. En 1860 s'établit dans
les ateliers de son père, un certain Louis
Laboureur, né en 1836, maître
constructeur diplômé de l'Arsenal de
Cherbourg à 18 ans : c'était un homme
capable et habile, sur les cales du "Four à
Chaux" naquit son oeuvre maîtresse : la
goélette paimpolaise spécialement
adaptée à la pêche d'Islande et
proportionnée aux besoins et ressources
locaux ; L'activité de Laboureur ne se
limitait d'ailleurs pas aux bateaux de pêche,
il construisait aussi des yachts dont les
performances dans les régates officielles
faisaient apprécier dans le monde maritime
la qualité de sa construction.
D'autres chantiers se montèrent aussi
à Paimpol qui à la grande
époque de la construction ne comptait pas
moins de 8 à 10 cales de lancement : Perrot,
Pilvin, Cigli, Floury, Le Chevert, Goasdoué
ce dernier connu comme un architecte et un
constructeur de valeur. En 1899 s'établit
à Poulafret un collaborateur de Laboureur,
M. Bonne qui jusqu'en 1914 surtout, donna une
très forte impulsion à la
construction navale paimpolaise, son chantier
devint le plus important de la région,
capable de réaliser un navire depuis la
quille jusqu'à la pomme du mât y
compris les pièces de ferrure, le
gréement et même la voilure.
La construction proprement dite des
goélettes était très classique
: la quille, la fausse quille, la carlingue et les
membrures sont en chêne, la coque en
chêne, orme ou frêne jusqu'à la
ligne de flottaison, au-dessus, les uvres
mortes sont en chêne, orme et parfois en
hêtre ; on emploie le bois dur pour la lisse
tandis que le pont, les fargues et les pavois sont
en sapin, pitchpin ou bois du Nord. C'est
généralement l'intérieur de la
Bretagne ou même la région nantaise
qui fournissent les bois de force : chêne,
orme ou frêne. Malgré l'emploi de bois
de qualité on recherchait, à Paimpol
surtout, la légèreté de la
construction, peut-être au détriment
de la solidité de la coque ce qui faisait
des bateaux paimpolais les meilleurs marcheurs
parmi les islandais bretons et flamands. Cependant
en 1913 on a relevé un défaut
très grave commun à tous les
bâtiments paimpolais : le dessin de leur
gouvernail dévoyé occasionnait des
ruptures de mèche au ras du safran,
plusieurs naufrages furent attribués
à cette cause et en particulier la perte
corps et bien de "La Tourmente". Les chantiers
Bonne, dont il a été question plus
haut, apportèrent alors de très
notables améliorations à cette
disposition qui furent reprises par les autres
constructeurs.
Caractéristiques d'une goélette
paimpolaise typique :
Longueur totale non
compris la guibre
Largeur au fort
Tirant d'eau AR lège
Tirant d'eau AR en charge
Tirant d'eau AR AV lège
Tirant d'eau AR en charge
Déplacement moyen
Tonnage brut
Tonnage net
Port en lourd
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: 35,10 m
: 7,53 m
: 2,80 m
: 4,80 m
: 1,48 m
: 3,20 m
: 353 m3
: 185 Tx
: 135 Tx
: 280 Tx
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Sur le pont d'une goélette on trouve, en
partant de l'arrière, les dispositions
suivantes :
Tout d'abord le gouvernail à mèche en
bois, sur les petits navires la barre est franche
avec deux forts palans de retenue, parfois il
s'agit d'une barre à roue manoeuvrant soit
par palan et drosse sans fin, soit par
mécanisme à vis, comme c'est le cas
sur la Belle Poule.
On trouve ensuite une petite claire-voie et le
capot de descente du poste arrière ou
carré.
Au pied du grand mât sur l'arrière est
édifiée une minuscule construction en
planches : c'est la cuisine, elle est très
solidement boulonnée par des tirants aux
barrots du pont pour éviter d'être
enlevée par un paquet de mer balayant
cuisine et maître-coq comme cela se produisit
plusieurs fois sur les goélettes. Devant le
mât est disposé un treuil à
engrenage à bâti de fonte analogue
à celui que l'on trouve sur les Terre-Neuvas
et servant à diverses manoeuvres. Ce type de
treuil est encore en service sur la Belle-Poule
pour le hissage de la grand'voile ou du
flèche.
On trouve ensuite le grand panneau de la cale
à poisson puis sur l'avant du mât de
misaine le capot à dôme permettant
l'accès au poste avant,
éclairé par une minuscule claire-voie
ou par des "verres de souffrance" encastrés
dans le pont.
Enfin, tout à l'avant, se trouvent les
apparaux de mouillage constitué d'un
guindeau à brinquebales très analogue
quoi que plus petit à celui des
Terre-Neuvas.
En ce qui concerne les embarcations
utilisées à bord des goélettes
: il n'y avait pas de doris comme sur les navires
terre-neuvas, car la pêche se pratiquait du
bord. La drome se composait seulement de deux
canots l'un de 5,66 m de long, 1,85 m de large,
0,80 m de creux et l'autre plus petit de 4,33 m de
long, 1,65 m de large et 0,70 m de creux, à
la mer ces canots étaient saisis sur des
chantiers sur le pont et la manuvre en
était faite par des caliornes ou palans
d'étais.
Sous le pont les aménagements étaient
plus sommaires, la place étant
forcément réduite compte tenu de la
nécessité de réserver la plus
grande partie de l'espace intérieur à
la cale de poisson.
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