Histoire
de la goélette Belle-Poule -
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De 1932 à 1944
En septembre 1932, la
Belle-Poule est placée sous les
ordres de l'Ecole navale et entame sa
carrière de voilier école.
Elle donne tout satisfaction et les
élèves officiers qui tirent
les premiers bords inaugurent une
tradition qui se perpétue
aujourd'hui.
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit
la Pologne. Le 3 septembre, l'Angleterre
et la France déclarent la guerre
à l'Allemagne. C'est le
début de la drôle de guerre.
Le 10 juin 1940, l'Italie déclare
la guerre à la France et à
l'Angleterre, la campagne de France
s'achève bientôt et le 17
juin 1940, le maréchal
Pétain demande l'armistice.
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La Belle-Poule en 1936
(Collection Raymondeau)
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Le 18 juin 1940 à 10 heures 30, le
capitaine de corvette Cros, chargé des
goélettes, reçoit l'ordre du
commandant en second de l'Ecole navale d'organiser
l'évacuation de l'équipage de
l'Ecole.
A 15h00, la Belle-Poule et l'Etoile appareillent.
Elles gagnent la pointe Saint-Mathieu et y sont
rejointes vers 17h00 par le Président
Théodore Tissier, le Jean
Frédéric et le Notre-Dame de France.
A 18h00, le général de Gaulle lance
sur les ondes de la BBC depuis Londres son appel
que les goélettes ont devancé. Le
groupe traverse la Manche de nuit alors que
l'ennemi traque les bâtiments français
et arrive à Falmouth le 19 juin vers
17h00.
L'accueil, réservé aux fugitifs par
les britanniques, est froid. A cette époque,
la situation des militaires français en
Angleterre est équivoque. Dans la nuit du 2
au 3 juillet 1940, les Britanniques
déclenchent l'opération CATAPULT. Les
goélettes sont saisies et leurs
équipages internés dans des camps de
triage. Mais elles seront vite rendues aux Forces
Françaises Libres, et un équipage de
marins FNFL placé sous le commandement de
l'officier de deuxième classe des
équipages Blonsard, va en reprendre
possession le 20 septembre 1940. Elles arboreront
dorénavant le pavillon de beaupré
à croix de Lorraine , signe de leur
appartenance aux Forces Navale Françaises
Libres.
Les voiliers sont en mauvais état, et
après quelques travaux dans le
gréement, elles sont sommairement
armées avec, de chaque côté du
rouf arrière, une mitrailleuse Hotchkiss de
8mm.
Le 16 novembre 1940, les goélettes
appareillent de Falmouth pour Portsmouth où
une Ecole navale vient d'être
créée à bord du
Président Théodore Tissier sous le
commandement du lieutenant de vaisseau Recher.
Philippe De Gaulle, le fils du
général, fait partie de la
première promotion, il est âgé
de 17 ans et demi. Les goélettes ont ordre
de rejoindre cette Ecole navale, de se placer sous
son commandement et sous celui du capitaine de
vaisseau Gayral, commandant supérieur
à Portsmouth des Forces Navales
Françaises Libres. les goélettes
naviguent sans escorte au plus près des
côtes. Le 18 novembre 1940, vers 5 heures du
matin, alors que la Belle-Poule est en route au
nord-est, poussée par une bonne brise de
sud-ouest sous un ciel couvert avec de gros grains,
l'officier de quart, la maître de
manuvre Liard, entend le vrombissement d'un
avion en attaque. Quatre bombes tombent et
encadrent le voilier qui est secoué par les
explosions. Heureusement, il n'y a pas de dommage
et le bombardier ne fera pas d'autre passe. La
Belle-Poule et l'Etoile rejoignent Portsmouth sans
autre incident.
Jusqu'en
avril 1944, elles ne navigueront plus ensemble. La
Marine de la France Libre n'a pas les moyens
d'armer deux goélettes, et le nombre
d'élèves à former ne le
justifie pas. Tout au long de cette période
à Portsmouth, les goélettes seront
alternativement en disponibilité
armée ou en navigation ; Elles ne sont plus
peintes en blanc mais en gris.
Le cuirassé Courbet, tout proche, est la
cible privilégiée des bombardement
allemands et, le 10 janvier 1941, deux bombes
incendiaires tombent sur le pont de la Belle-Poule.
Le commandant, l'officier des équipages
Blonsard, est gravement blessé par
l'explosion alors qu'il dirigeait la lutte contre
l'incendie. Il
parvient à sauver son bâtiment avant
d'être évacué sur le Courbet
par un doris. A la suite de ce bombardement, les
goélettes reçoivent la visite du roi
Georges VI et de la reine Elisabeth. Peu
après, en raison de l'hospitalisation de
l'officier des équipages Blonsard, le
premier maître Liard est nommé au
commandement du groupe des goélettes.
Le 15 avril 1944 les goélettes
reçoivent l'ordre de rejoindre
West-Hartlepool en Ecosse, en passant par l'ouest
de l'Angleterre, pour y être mises en
réserve. Ce n'est pas le chemin le plus
court, mais c'est le plus sûr. Elles arrivent
à bon port le 13 mai 1944 et sont mises en
réserve.
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