Histoire
de la goélette Belle-Poule -
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D'avril 1945 à nos
jours
La guerre touche à sa fin. L'Etat-major de
la Marine a réintégré son
hôtel de la rue Royale à Paris et se
préoccupe de recenser ses bateaux. Le 12
avril 1945, un message est envoyé aux Forces
navales en Grande-Bretagne :
" Renseignez-moi sur situation actuelle des
voiliers français Etoile et Belle-Poule.
"
La réponse des Forces navales en
Grande-Bretagne arrive le 20 avril :
"En position de réserve à West
Hartlepool depuis avril 1944 ; Bâtiments
restés constamment sous contrôle et
pavillon Français ; Bien entretenus,
état matériel assez satisfaisant sauf
moteur Belle-Poule ; je vous rendrais compte
incessamment des possibilités d'envoi de ces
deux bâtiments en France. "
Fin septembre 1945, les deux goélettes
rentrent à Brest à la remorque
après une traversée difficile
à cause du mauvais temps. Dès le 1er
octobre, elles sont affectées à
l'Ecole navale. leur état est pitoyable et,
le 13 décembre 1945, elles rentrent en grand
carénage. Les travaux de remise en
état vont durer plus d'une année,
dans un contexte difficile de pénuries de
matières premières. Principaux soucis
: les moteurs de propulsion et l'état des
coques; l'Etoile sera privée de moteur au
bénéfice de la Belle Poule jusqu'en
mars 1947, quand un moteur de camion allemand, un
120 CV Deutz, lui sera enfin installé en
remplacement du Sulzer de 125 CV. Un moteur
identique équipera la Belle-Poule en 1956
quand son Sulzer expirera. A la mi-1947, l'Etoile
et la Belle-Poule peuvent assurer leurs missions
d'instruction dans des conditions acceptables.
Depuis, les goélettes de l'Ecole navale
naviguent l'hiver dans les parages de Brest, en mer
d'Iroise et en Bretagne, au profit des
écoles de la Marine, et l'été,
elles élargissent leurs horizons. Elles ont
essuyé de nombreuses tempêtes,
manuvrer dans des conditions difficiles,
cassé des mâts, déchiré
des voiles. Elles ont aussi reçu la visite
de chefs d'Etat, de rois et de princes. Elles ont
sillonné à maintes reprises, la Mer
du Nord et la Baltique, et sont descendues
jusqu'aux Canaries. Deux fois, en 1971 et en 1981,
elles ont fait un tour en
Méditerranée.
Elles ont subi une très grande refonte de 18
mois en 1975. A cette occasion, les moteurs ont
été changés pour des Baudouin
DNP 8 de 245 CV, et les coques ont
été remises à neuf. les
équipements de navigation ont
été modernisés au fil des ans.
Les emménagements intérieurs ont
été adaptés pour permettre aux
16 marins de l'équipage permanent d'avoir
chacun une couchette et un petit coin à eux.
Mais le soir, les hamacs sont toujours suspendus
dans le poste des élèves.
En 1995 la Belle-Poule est passée en grand
carénage. L'aspect extérieur n'a
pratiquement pas changé depuis 65 ans et
aucune modification n'a été
apportée au gréement. On a juste
procédé à l'échange
standard des espars usés ou cassés et
les voiles, jadis en coton, sont maintenant en
Tergal.
Elles sont de toutes les fêtes maritimes en
France et en Europe. On les a vues à Rouen
en 1989 pour les " Voiles de la Liberté " et
en 1994 pour " l'Armada de la Liberté ".
Elles étaient à Brest 92, Bristol,
Penzance et Brest 96. Elles sont même
remontées par les canaux jusqu'à
Bruxelles en octobre 1996.
Les goélettes ne sont plus des bateaux, on
les appelle des demoiselles. Elles ont su
sauvegarder de façon intelligente les
traditions de la Marine à voile. Elles ont
une âme et font partie du patrimoine vivant
de la Marine nationale. Aujourd'hui comme hier et
comme demain, elles hissent la toile pour
éveiller le sens marin de ceux qui ont
choisi de " mettre du sel dans leur avenir
".
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