La
première Belle-Poule fut une frégate
(1765 - 1780 / 1808)
Le nom " francisé " de
Belle-Poule fut attribué pour la
première fois par Louis XV à une
frégate de 30 canons construite à
Bordeaux.
Ici encore, les raisons qui poussèrent Louis
XV à choisir ce nom parmi toutes les
propositions que lui soumis son ministre Choiseul
ne sont pas réellement connues. Plusieurs
hypothèses ont été
émises.
En voici quelques deux :
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- La notice historique sur
la seconde Belle-Poule qui accompagne le
plan édité par l'Association
des amis du Musée de la Marine dit
: " Il semble que le nom de Belle-Poule
fut celui d'un corsaire bordelais dont
Louis XV voulut perpétuer le
souvenir, en raison des services rendus
par la marine bordelaise pendant les deux
guerres(1) de Sept ans. " (Mais non
avons vu que cette origine est fort peu
probable).
- D'autres sources laisseraient entendre
qu'au moment ou Choiseul présentait
au roi, comme il était d'usage, un
certain nombre de noms, parmi lesquels
celui de " Bella Paoula ", celui-ci le
choisit, non pas pour faire plaisir aux
Bordelais, mais plutôt comme le
suppose Pierre Le Conte, pour rappeler
"le sobriquet familier et galant de
Belle-Poule" qu'avait affublé
de Louis le Bien-Aimé à une
dame de la cour. Le Conte écrit en
effet : " je suis persuadé
que le caquet et la bonne humeur
proverbiale de madame de Flavacourt(2) ne
sont pas étrangers à
l'introduction de cette appellation dans
les listes de notre marine ".
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Quoi qu'il en soit la
frégate Belle-Poule fut mise sur cale en
1765 dans le chantier Royal du quai de la Paludate
à Bordeaux. Le lancement eut lieu le 18
novembre de la même année.
Longue de 43 mètres et jaugeant 650
tonneaux, elle emportait 30 bouches à feu :
26 de XII et 4 de VI. Elle était
armée par 260 hommes.
Première époque : 1768 - 1778
Armée
en 1768, elle fit deux campagnes aux Antilles ou
elle démontra d'excellentes qualités
nautiques. C'est pourquoi elle fût
désignée en 1772 pour une campagne
lointaine et munie d'un doublage en cuivre (Cette
technique alors toute nouvelle et encore
imparfaitement maîtrisée, ne devait
d'ailleurs donner, au cours de ce premier essai,
que des résultats décevants). La
Belle-Poule n'en conserve pas moins le
privilège d'avoir été le
premier bâtiment de guerre français
doublé en cuivre.
De 1772 à 1776 elle effectua des campagnes
hydrographiques dans l'océan Indien pour
rechercher la route la plus courte possible entre
les Mascareignes(3) et les comptoirs
français de l'Inde. Elle était sous
le commandement du chevalier de Grenier, savant
hydrographe et navigateur réputé.
C'est au cours de ces campagnes que Grenier
remarqua un jeune officier qu'il estima
promità un brillant avenir ; il s'appelait
Lapérouse
Le 12 décembre 1776, elle quitta l'Inde pour
retourner à Brest. A cette époque la
France n'avait pas encore pris position dans le
conflit qui opposait l'Angleterre à ses
colonies d'Amérique, mais les Anglais
provoquaient de nombreux incidents sur nos
côtes. C'est ainsi que le 27 avril 1777, en
vue de Groix, la Belle-Poule fut prise en chasse
par un vaisseau britannique qui affecta de voir en
elle un corsaire américain. Mais grâce
à sa supériorité de marche, la
frégate lui échappa aisément
et rallia Brest sans encombre.
Seconde époque : 1778 - 1808
En janvier 1778 elle fut désignée
pour reconduire en Amérique Benjamin
Franklin qui était en France depuis plus
d'un an pour négocier l'aide de notre pays
aux insurgés. Partie de Brest, elle fut
arraisonnée, le 7 janvier par les vaisseaux
britanniques Hector et Courageous. Malgré
l'énorme disproportion des forces, Bernard
de Marigny, successeur de Grenier, répliqua
fièrement : " Je suis la Belle-Poule,
frégate du Roi de France ; je viens de la
mer et je vais à la mer. Les bâtiments
du Roi, mon maître, ne se laissent jamais
visiter ". Impressionnés par cette
sèche rebuffade, les Anglais
s'excusèrent et le laissèrent
poursuivre sa route.
Malheureusement, en raison de vents contraires elle
dut rentrer à Brest après 36 jours de
lutte acharnée contre des vents contraires
et extrêmement violents. Franklin regagna
l'Amérique sur le Sensible .
Pendant ce temps, sitôt
réparée, la Belle-Poule fut
confiée à un lieutenant de vaisseau
rochelais de trente-sept ans, Jean-Isaac Chadeau de
La Clocheterie, avec elle il se couvrit d'une
impérissable gloire.
La situation en mer resta cependant calme jusqu'au
combat fameux(4) que la Belle-Poule
commandée par de La Clocheterie livra le 17
juin 1778 à l'HMS Arethusa, frégate
de 28. Chargée, avec la frégate de 26
la Licorne, la corvette l'hirondelle et le lougre
Le Coureur, de reconnaître les mouvements de
l'escadre anglaise de l'amiral Keppel, qui fit
prendre en chasse les français. La
Belle-Poule fut rejointe par l'Arethusa. Le combat
fut très vif et il y eut de part et d'autre
un grand nombre de tués et de blessés
parmi lesquels De La Clocheterie. La frégate
anglaise, démâtée de son grand
mât, dut se replier vent arrière sur
son escadre sous les boulets de la
française. Ce combat eut un tel
retentissement qu'une coiffure dite " à la
Belle-Poule " fit fureur chez les dames de la haute
société.
En 1779, la Belle-Poule, passée sous le
commandement du chevalier de Kergariou, participait
à la surveillance des côtes et
à l'escorte des convois. Mais dans la nuit
du 15 au 16 juillet elle fut prise en chasse par le
HMS Non Such de 72 dans les parages de l'île
d'Yeu. Trois fois elle mit en travers pour envoyer
une bordée à son poursuivant
malheureusement sans lui faire d'avaries
susceptibles de le ralentir. Après plusieurs
heures de combat, Kergariou tué, son
lieutenant blessé, les pompes
n'étalant plus les voies d'eau, la
Belle-Poule dut amener.
Elle fut incorporée dans la Marine
britannique comme frégate de 900 tonneaux et
32 canons. Mise en réserve en 1798, elle
fût condamnée et détruite en
1808.
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